Bathymétrie dans les grands fonds pour le projet de SWAC du CHU de La Réunion

Publié le 6 mars 2023
Le contexte

Comme tous les départements d’outre-mer, la Réunion ne fait pas exception et doit faire face au besoin de climatisation permanent, cela représente environ la moitié de la consommation électrique de l’activité tertiaire (bureaux, commerces, hôtellerie).


Pour réduire cette consommation et atteindre l’objectif fixé par la loi de transition énergétique, à savoir une autonomie électrique totale à l’horizon 2030, EDF a ciblé les sites les plus consommateurs d’électricité et le CHU Sud Réunion a été identifié pour développer un projet de SWAC.


La production de froid nécessaire à la climatisation de l’ensemble des locaux du CHU et sa localisation, proche des côtes, en font un choix idéal pour un premier site pilote, amené à être dupliquer sur d’autres sites de l’île à l’avenir. Après des études concluantes menées par EDF, l’ADEME et la Région, le projet est finalement lancé en 2019 par le CHU Sud de La Réunion.

Le projet SWAC : la climatisation marine écologique

Tenant son acronyme de “Sea Water Air Conditioning”, le SWAC est un système de climatisation marine utilisé pour refroidir un quartier ou un bâtiment. Ce principe a pour objectif de réduire les frais de consommation électrique (le gain sur la consommation électrique peut atteindre 90%) tout en ayant un impact environnemental très faible.

 

L’eau de mer froide (5-7° C) est pompée dans de grandes profondeurs (environ 1000 mètres) puis ramenée sur terre à l’aide de conduites hydrauliques. Son rôle est de refroidir une boucle d’eau glacée via des échangeurs thermiques, qui fournira ensuite le froid aux bâtiments connectés. Désormais réchauffée (11-12° C), l’eau de mer est rejetée à sa source, à un niveau de profondeur adéquate à sa température, et sans impact sur l’écosystème local.

Climatisation par l'eau de mer dans le projet de SWAC à La Réunion
© CHU Sud de La Réunion

Trois projets SWAC ont déjà vu le jour dans l’océan Pacifique à Tahiti et Hawaï, celui de la Réunion est le premier à être déployé dans l’océan Indien.

ID OCEAN mandaté pour effectuer la bathymétrie

Le bureau d’études ID OCEAN est spécialisé dans les levés côtiers et l’inspection d’ouvrages, notamment dans les ports et zones de plaisance. Situé à La Réunion, il bénéficie de la spécificité géographique et sous-marine de l’île pour réaliser des acquisitions de données à différentes profondeurs.

Sollicité par Value-Park, pionnier mondial de cette technologie de SWAC, ID OCEAN est membre du Cluster maritime de La Réunion. Le bureau d’études est intervenu pour achever le premier relevé bathymétrique des zones côtières sur la zone d’implantation du dispositif. Cette étape est essentielle pour acquérir une première salve de données avant de mettre en œuvre les études de tracé et vérifier la faisabilité technique.

Une bathymétrie multifaisceaux haute résolution complexe et technique

Début 2022, juste avant une période cyclonique, les équipes d’ID OCEAN embarquent au large de Saint-Pierre, au sud de La Réunion. Cette zone est connue pour ses conditions de mer particulièrement difficiles, fortement exposée au vent et à la houle. Les hydrographes d’ID OCEAN ont choisi un navire adapté à ces conditions et conçu pour immerger le sondeur à une profondeur inhabituelle, supérieure à 2 mètres, afin d’éviter les bulles liées à la houle et les perturbations acoustiques.

 

Avec des fonds plongeants très rapidement, typique sur l’île, la zone à relever est conséquente. Pas moins de 12 heures de navigation réparties sur 2 jours ont été nécessaires pour mener à bien la bathymétrie, sans compter la calibration, le profil SVP, la mobilisation / démobilisation, etc. Le premier jour, le sondeur R2Sonic 2022 était réglé sur une ouverture variable jusqu’à fermé à 15° au plus profond à -400 mètres sur le tombant, afin de capturer les zones les plus profondes. Lors du deuxième jour, le sondeur avait une ouverture de 100° pour l’ensemble du platier.

 

Le tombant était la partie la plus complexe à acquérir puisqu’il a fallu orienter mécaniquement le sondeur bathymétrique dans un angle précis pour des données plus propres et une réduction du temps de post-traitement.

Des données extraordinaires et un grand soulagement pour ID OCEAN

Malgré les conditions difficiles, les résultats sont impressionnants, comme en témoigne un membre de Value Park : « La résolution et la précision obtenues pour ce relevé dans de telles profondeurs, et dans ces conditions avec un sonar léger adapté aux levés à faible fond, relèvent de l’exploit technique ».

 

Les données acquises présentent une bathymétrie détaillée de la future zone de pose des conduites hydrauliques dans des profondeurs entre -20 à -420 mètres.

 

  • De -20 à -80 mètres de profondeur : un nuage de points de 1×1 mètre,
  • Jusqu’à -150 mètres de profondeur : un nuage de points de 2×2 mètres,
  • Jusqu’à -400 mètres de profondeur : un nuage de points de 5×5 mètres.
Survey bathymétrique pour le projet de SWAC à La Réunion réalisé par ID OCEAN
© ID OCEAN
Rendu bathymétrique pour le projet de SWAC à La Réunion réalisé par ID OCEAN
© ID OCEAN
Vue générale du rendu bathymétrique pour le projet de SWAC à La Réunion réalisé par ID OCEAN
© ID OCEAN

Pour ID OCEAN, cette acquisition était une grande première dans de si grandes profondeurs, et bien plus exigeante que d’ordinaire puisqu’elle imposait une plus grande préparation en amont. A la vue des données, ce fut un réel soulagement pour l’équipe de confirmer les caractéristiques techniques du sondeur bathymétrique dans de si grandes profondeurs.

 

Les données collectées par les équipes d’ID OCEAN vont jusqu’à -400 mètres de profondeur. Les conduites étant installés jusqu’à -1000 mètres, les données entre -400 et -1000 mètres seront ensuite récupérées par gravimétrie, ou à l’aide de données réalisées auparavant par le Shom, puis dans un second temps par survey avec un AUV (« Autonomous Underwater Vehicle » ou drone autonome sous-marin) avant la pose des conduites hydrauliques.

ID OCEAN équipé du sondeur multifaisceaux R2Sonic depuis 2020

Fin 2020, CADDEN a fourni à la société ID OCEAN son premier sondeur multifaisceaux R2Sonic, plus précisément le modèle Sonic 2022. 

« Nous cherchions un multifaisceaux léger, facile à mobiliser et à transporter », indique Steven Le Bars. « Il devait fournir des données bathymétriques de très grande qualité. Plus les données sont fiables, moins nous avons de temps à passer pour les nettoyer pendant le post-traitement ».

© ID OCEAN

« Le Sonic 2022 était un bon compromis entre le facteur de forme compact, la résolution, la zone de couverture et la qualité des données. Nous avons tenté l’expérience avec un autre sondeur multifaisceaux mais qui n’a pas délivré la résolution dont nous avions besoin. Le Sonic 2022 obtient d’excellentes données. »

Pour son sondeur R2SONIC 2022, ID OCEAN a créé un support mécanique personnalisé, comprenant l’IMU, pratique à transporter pour les projets internationaux. « Nous avons aussi standardisé et optimisé la perche avec les autres capteurs pour qu’il ne nous faille qu’une heure pour mobiliser le Sonic 2022 », déclare Steven Le Bars.

« Le fonctionnement du sondeur multifaisceaux R2Sonic est simple et accessible. Il était facile de s’y familiariser, » indique Steven Le Bars.

Le choix de CADDEN

« Nous avions une bonne relation avec le service commercial de CADDEN et le rapport qualité-prix était cohérent avec nos attentes, témoigne Steven Le Bars.

 

Le sondeur multifaisceaux R2Sonic nous a convaincu par ses nombreux avantages : qualité, fiabilité, données excellentes, facteur de forme, robustesse… sans oublier la maintenance, critère décisif dans un contexte insulaire. »

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